Friday 1 July 2005

Chapitres 109 à 120



LIVRE 3éme
TRAITÉ DE L'AMOUR
Chapitre 109. Comment sa beauté le torture.


LUI
 
1081.
Quelle est cette  forme qui  a de  lourdes boucles d'oreilles? Est-ce une déesse de ce bocage? Ou une espèce de paon spécialement crée (par Dieu) ou une femme humaine? Mon cœur est trop troublé pour le dire.


1082.
Le regard qu'elle darde à son tour sur moi a le don  d'indiquer qu'elle est une déesse, qui assaillit elle-même et fait souffrir et qu'elle a aussi amené avec elle, une armée pour assaillir.


1083.
T'ai entendu  parler de l'Exterminateur (Ya men), mais je ne l'avais pas connu. Je l'ai connu maintenant: II a des yeux qui livrent un  combat violent et avec les qualités féminines: (modestie, ingénuité, peur et chasteté).


1084.
Les yeux de cet être ingénu qui a les qualités de la femme,
semblent dévorer la vie des hommes qui le voient.


1085.
Est-ce l'Exterminateur, (puisqu'il me fait souffrir)? Sont-ce des yeux, (puisqu'ils me regardent)? Est-ce une biche, (puisqu'elle a peur naturellement)? Le regard de cette femme a ces trois qualités.


1086.
Si les cruelles paupières voilent ses yeux, ceux-ci ne me causeront pas les douleurs qui me font trembler.


1087.
Le vêtement qui couvre les seins fermes de cette femme, ressemble à l'oeillère d'un éléphant eu furie.


1088.
Son front brillant a annihilé, à lui seul, ma force, qui fait trembler les ennemis qui ne m'ont pas affronté sur le champ de bataille, mais qui en ont entendu parier.


1089.
Alors que son regard, ingénu comme celui de la biche et sa modestie lui sont une parure naturelle, de quelle utilité sont donc ces parures artificielles?


1090.
Le vin fait les délices de celui qui le goûte et non, comme l'amour,
de celui  qui voit (simplement).

Chapitre 110. Sens des signes


1091.
Ses yeux peints ont deux regarda, dont l'un me cause la douleur, mais dont l'autre constitue un  remède à cette douleur.


1092.
Le regard furtif que ses yeux dardent sur moi, a la dérobée, n'est pas seulement la moitié de la volupté de l'union, il est plus (que la moitié).


1093.
Elle m'a regardé avec affection et a courbé la tête, par honte. Ce geste est l'eau qu'elle a versée, à la jeune plante qu'est notre amour.


1094.
Lorsque je la regarde, elle a les yeux fixés sur le sol. Lorsque je ne la vois pas, elle me regarde et se réjouit intérieurement.


1095.
Non seulement elle ne me regarde pas directement, mais aussi elle semble fermer un œil pour se réjouir intérieurement.


1096.
Extérieurement elle parle comme une étrangère, l'amoureux comprend vite que ses paroles dures émanent d'un cœur qui ne hait pas, mais qu'elles traduisent un obstacle à son amour.


1097.
Le langage sévère et le regard furieux des yeux, qui semblent afficher la haine, sont les signes des amants qui (pour le public) se comportent en étrangers.


1098.
Mon regard l'apitoie et la fait sourire doucement. Dans ce sourire apparaît un bon signe, de la part de celle oui résiste.

LA COMPANE


1099.
Le regard indifférent, de ceux qui ne se sont connus auparavant, apparaît chez ces amants.


1100.
Lorsque les yeux s'unissent aux yeux par les regards, les paroles sont inutiles.

Chapitre 111. Volupte de l’union.


LUI

1101.
La volupté des cinq sens : vue, ouïe, odorat, goût et toucher a été ressentie simultanément, chez celle-ci aux brillants bracelets.


1102.
Le remède a les qualités opposées à celles de la maladie; (il en va autrement) de celle qui porte cette belle toilette. Elle est elle-même le remède à la maladie (d'amour) qu'elle cause.


1103.
Peut-on obtenir sans souffrance les délices du monde de celui qui a les yeux de lotus (Vichnou qu'atteignent ceux qui ont maitrisé les gens), comme celles dont on  jouit, en dormant sur les bras délicats de celle que l'on aime ?


1104.
Dans quel monde s'est-elle donc procuré ce feu étrange qu'elle me communique, qui brûle l'orsqu'elle s'éloigne  et  rafraîchit, 
lorsqu'elle approche ?


1105.
Les bras de celle dont la chevelure est pleine de fleurs ont le don de me causer instantanément, chaque délice que je désire, quel qu'il soit.


1106.
Les bras de cette jeune ingénue sont faits d'ambroisie palpable, parce que par le simple attouchement,  ils raniment ma vie qui dépérissait,
faute de la posséder.


1107.
L'union de cette fille jolie produit la même volupté que celle éprouvée par le père de famille qui, après avoir servi aux hôtes dans sa maison, tout ce qui avait été acquis par ses efforts, se nourrit de sa part.


1108.
L'union, qui ne s'était jamais produite auparavant et qui ne souffre même pas l'air entre eux. donne la volupté aux deux amants.


1109.
Bouder, se réconcilier et s'unir: tel est le profit qu'obtiennent les amants,
qui se livrent constamment à l'amour.


1110.
Plus on apprend dans les livres et à l'aide d'une fine intelligence, plus on sent son ignorance antérieure; plus l'union avec cette jeune fil, le ornée d'or rouge, se repète, plus l'amour pour elle est avivé.

Chapitre 112. Eloge des qualités.


LUI

1111.
Vivo, fleur Anistcha ! ta bonne nature l'emporte sur celle de toutes les fleurs; cependant celle que j'aime est d'une nature, encore plus délicate que la tienne.


1112.
0 mon cœur ! Croyant que les yeux de celle ci  (que seul je vois) ressemblent aux fleurs que tout le monde voit, tu n'a pas été troublé par l'aspect des fleurs! (Comment donc est ton intelligence?)


1113.
De celle-ci les bras sont longs comme le bambou, la couleur est celle de la tendra feuille, les dents sont semblables aux perles l'odeur ressemble à l'arôme enivrante du parfum et les yeux peints sont perçants
comme la flèche.


1114.
Si les fleurs "COUVALEY" (violettes) ont la propriété devoir, elles baisseront la tête, par honte de ne pouvoir égaler, en beauté, les yeux de cette femme, parée d'éclatants bijoux et auront leur regard fixé sur le sol.


1115.
Sans penser à sa délicatesse elle s'est parée de fleurs " ANISTCHA " non séparées de leur pétiole. Hélas! sa hanche va ployer sous leur fardeau !


1116.
Ne pouvant distinguer leur lune (malgré sa grosseur) d'avec la face de ma dame, les corps célestes troublés se sont écartée de leur sphère et vaguent.


1117.
(D'où vient lenr trouble)? La lune décroit jusqu'à cesser d'être visible. Elle croit ensuite. pour atteindre la plénitude de son éclat 1


1118.
Vive la lune 1 Si tu as la propriété de luire comme le visage de cette femme, tu mériteras mon amour.


1119.
O Lune !  Situ dois égaler la face de celle dont les yeux sont semblables aux fleurs, ne te lève pas pour apparaître à tous, mais seulement à moi.


1120.
La fleur " ANISTCHA " et le duvet dû cygne sont à la plante des pieds des femmes, ce que sont les épines du fruit "NERINDJI" (croix de chevalier)


Chapitre 113. Glorification de l’amour.


LUI

1121.
L'humeur sécrétée par les glandes placées, sous la gencive (de cette jeune fille) aux paroles tendres, a la saveur exquise du mélange du lait et du miel.


1122.
L'amour que j'éprouve pour cette fille ingénue est identique à l'amour de l'âme et du corps.


1123.
Va-t-en  toi, image qui te trouves dans la pupille de mes yeux ! Sinon, il n'y a pas de place pour celle au joli front que j'aime !


1124.
Celle qui est parée de bijoux choisis, lorsqu'elle s unit à moi, est comme ma vie, qui vit unie au corps; lorsqu'elle se sépare de moi elle est comme la mort (qui sépare la vie d’avec la corps).


1125.
Si j’oubliais les qualités de cette jeune fille aux yeux étincelants et qui combattent toujours; je m'en souviendrais !  Mais je n'ai jamais connu cet oubli !  (Donc je n'ai pas connu non plus ce souvenir).

ELLE


1126.
Que celles qui croient que celui qu'elles ne voient pas est parti au loin, croient ainsi. Mon amant ne s'en va jamais de mon œil. ni ne souffre, lorsque je clignote. Tant il est subtil, mon amant !


1127.
Mon amant est dans mes yeux. Pour ne pas le perdre de vue, même un instant (que dure la peinture), je no peins pas mes yeux.


1128.
Mon amant est dans ma gorge.  Aussi me garde-je de prendre une nourriture chaude, de peur que celle ci ne l'y brûle.


1129.
Sachant que mon amant qui est dans mon œil, se cache lorsque celui-ci se ferme, je ne fermerai pas l'œil. Voilà pourquoi, cette ville dit qu'il est cruel, (parcequ'il m'em pêche de dormir).


1130.
Il  demeure toujours délicieusement dans mon for intérieur. (Ignorant ce fait), cette ville dit qu'il ne m'aime pas (parce qu'il m'a quittée).

Chapitre 114. Abandon de la honte.


1131.
A ceux qui se sont délectés à l’amour et qui, séparés, sont torturés par cette passion, il n’y a pas de ressource plus efficiente,
que le faisceau de branchages de palmier.


1132.
Ne pouvant supporter cette torture, le corps et l’âme ont le courage d’enfourcher (le cheval de) branchages de palmier,
en abandonnant la honte.


1133.
J’avais auparavant la pudeur et une forte virilité. Et puisque ma passion les repudie je n’ai aujourd’hui que le faisceau de branchages de palmier sur lequel montent les amoureux.


1134.
La tempête de l’amour a emporté loin de moi, le radeau destiné à me passer et que constituaient ma pudeur et ma virilité.


1135.
Je ne connaissant pas les tortures que yeux éprouvent le soir et le faisceau de branchages de palmier. Celle qui porte de petits bracelets, qui se suivent comme les fleurs d’une guirlande, me les a donnés,
(parce que je pense toujours à elle.)


1136.
Naïf que je suis ! Mes yeux me refusent le sommeil (à cause de mon amante). C’est pourquoi même minuit, je pense au faisceau de branchages de palmier, sur le quel je dois monter.


1137.
Il n’y a pas de naissance plus grandiose que celle de la personne du sexe feminin qui, bien que souffrant de la maladie de l’amour,
lequel n’a pas de bornes comme l’océan,
ne monte cependant pas sur le faisceau de branchages de palmier.


1138.
Sans compter que l’on ne peut impunément manquer de respect à ceux qui ont la plénitude de la sagesse et sans considérer qu’ils peuvent beaucoup accorder, l’amour de cette jeune fille, au lieu de se cacher d’eux, a été jeté en pâture (à la malignité publique).   


1139.
Je vivais d’une vie discrète et cachée; aussi personne ne me connaissant et au lieu de continuer cette vie, je me suis décidé à me produire dehors pour me faire connaître. Mon amour, pris de vertige, tournoie dans les rues de cette ville. 


1140.
Les imbéciles se rient de moi. de manière non seulement à être entendus mais aussi à être vus de moi, parce qu'ils n'ont pas souffert de la maladie dont je souffre.

Chapitre 115. Faire connaître le bruit public.


LUI A LA COMPAGNE

1141.
Parce que l'amour (qui existe entre ta Dame et moi) est connu du Public, la précieuse vie reste en moi, (qui m'attriste de ne pas l'obtenir), comme si je l'ai obtenue. Je le sais grâce à Dieu, mais les diffamateurs l'ignorent.


1142.
Ignorant les difficultés qu'il y a d'obtenir cette (jeune fille) dont les yeux ressemblent aux fleurs, cette ville l'a diffamée et me l'a, grâce à cette clameur, donnée (à  bon compte).


1143.
La rumeur diffamatoire de cette ville, qui a connu notre union secrète, est de nature à me faire obtenir cette union, si je ne l'avais pas obtenue.


1144.
Mon amour s'est développé par la clameur publique.  A défaut de celle-ci, il aurait perdu sa force et se serait étiolé.


1145.
Boire du vin est délicieux aux ivrognes, toutes les fois qu'ils sont gais.  De  même l'amour m'est plus délicieux, toutes les fois qu'il est ébruité.


ELLE

1146.
Une seule fois j'ai vu mon amant. Le bruit s'en est répandu partout, comme lorsque le serpent dévore la lune.


1147.
La plante qu'est cette maladie d'amour croît, fertilisée par l'engrais qu'est la clameur des gens de la ville et arrosée par l'eau que sont les semonces de ma mère, (qui a entendu le potin de la ville).


1148.
Penser  étouffer l'amour par l'ébruitement, c'est penser éteindre le feu, avec du beurre clarifié.


1149.
Celui qui m'a dit, lorsque je l'ai rencontré: " N'aie crainte, je ne me  séparerai pas de toi," doit-il, aujourd'hui que noua nous sommes conduits de manière à faire honte à ceux qui nous ont surpris dans l'isolement, reculer, devant la honte causée par la clameur publique?


1140.
Cette ville elle-même pousse la clameur que j'ai ci-devant tant désirée, pour partir ensemble.  Désormais mon amant en  fera son profit, si je le lui demande.

Chapitre 116. Angoisse de la séparation.


LA COMPAGNE À LUI

1151.
Annoncez-moi la nouvelle que vous ne vous séparerez pas de nous; au contraire, annoncez (la nouvelle de) votre prompt retour (après la séparation), à ceux qui survivront alors.


ELLE  À LA COMPAGNE

1152.
(Lorsque je me tenais derrière lui, ornée de guirlande de  fleurs et de  feuilles), son regard à lui seul faisait mon délice  parce qu'il traduisait son désir de l'union). Maintenant cette union même m'attriste, par ce qu'empreinte de la crainte de la séparation.


1153.
Il m'a  été  difficile de  me convaincre de  la sincérité de sa protection et de son amour, (une fois que la séparation s'est produite entre moi et lui, qui se rappelle sa promesse de non séparation et qui connaît l'angoisse
 que j'éprouvrai de la séparation.)


1154.
Le premier jour que nous nous sommes rencontrés, il m'a promis la protection, en disant: “Naie crainte. Du courage!" S'il se sépare ensuite, (la faute n'en est-elle pas à lui ?  Ai-je eu tort d'avoir ajouté foi à ses paroles?)


1155.
Si tu veux sauver ma vie, empêche le maître de ma vie de partir. S'il s'en va, ma vie partira avec lui et il me sera impossible ensuite de m'unir à lui.


1156.
Si lui, qui connaît l'ardeur de mon amour, a la cruauté de me dire en face: "Je pars !", il Me faut abandonner l'espoir qu'un tel homme, ayant pitié de mes transes, reviendra ma protéger ensuite.


1157.
S'il a de l'inimitié pour moi?  Les bracelets, qui m'ont glissé du poignet parce qu'ils ont pressenti son départ (sans qu'il le leur ait annoncé), ne m'ont-ils pas révalé son départ? Faut-il que tu m'annonces (son départ) sur son indication ?


1158.
Vivre dans une ville étrangère, loin des compagnes, qui comprennent les signes, est une souffrance. Etre séparée de son amoureux Est une souffrance encore plus vive.


1159.
Le feu brûle celui qui le touche. A-t-il la propriété de brûler,
comme l'amour, celui qui s'en éloigne ?


1160.
(Tu dis vrai!) Nombreuses sont celles qui supportent  l'avis de la séparation, qui y consentent même, qui endurent la douleur de la séparation, et qui y survivent en se faisant à la solitude.

Chapitre 117. Le dépérissement.


ELLE  À LA COMPAGNE

1161.
Do honte, j'ai caché ma douleur; mais elle augmente d'intensité, telle l'eau de la source que l'on épuise et qui jaillit de plus en plus.


1162.
Je ne suis pas en état de cacher mon mal d'amour (aux autres). Le faire révéler à celui qui me l'a causé, me fait honte. (Que vais-je faire)?


1163.
Le mal d'amour et la honte (de ne pouvoir le révéler à celui qui l'a causé) sont suspendus dans mon corps, comme deux poids, suspendus aux bouts d'une perche et mon corps ne peut les supporter.


1164.
De ces deux maux communs à toutes, c'est encore le mal d'amour que j'éprouve le plus. Il est comme un océan et pour le franchir, je n'ai pas une barque sûre.


1165.
Celui qui me fait souffrir dans l'amour,
que ne me fera-t il pas s'il est ennemi?


1166.
La volupté que l'amour donne dans l'union est grande comme l'océan; mais la douleur qu'il  cause  pendant  la  séparation,
est plus grande que l'océan.


1167.
Ce n'est pas que je ne nage pas dans la mer orageuse de l'amour,
je nage; mais je n'aperçois pas le rivage. Il est minuit; je reste seule livrée à moi-même et je ne suis pas encore morte !


1168.
Cette nuit a été affectueuse pour moi. Elle a endormi tous les êtres vivants, mais n'a eu que moi, pour compagne.


1169.
Les nuits qui étaient courtes (lorsque je jouissais de la volupté de l'amour avec mon mari), s'écoulent lentement, maintenant (que je souffre de sa séparation). Elles sont plus cruelles que mon cruel mari.


1170.
Si mes yeux, comme mon cœur, ont le pouvoir de se rendre promptement là où il est, ils ne peuvent traverser par la nage,
la mer de leurs propres larmes.

Chapitre 118. La consomption des yeux causée par le
désir ardent de voir le mari
.


ELLE  À LA COMPAGNE

1171.
Je souffre de ce mal d'amour incurable, parce que mes yeux m'ont montré (mon amoureux). Aujourd'hui, ils pleurent (en me demandant de le leur montrer) ; à quoi pensent-ils donc?


1172.
Pourquoi mes yeux peints, qui ont alors regardé (avidemment mon mari sans examiner ni savoir ce qui pouvait arriver), souffrent-ils  aujourd'hui, sans comprendre que c'est une douleur qu'ils se sont créée eux-mêmes et qu'en conséquence» ils doivent la supporter?


1173.
Ce sont mes yeux qui se sont empressés eux mêmes de voir (ce jour mon mari), ce sont encore eux qui pleurent aujourd'hui. Cette conduite insensée mérite que j'en rie.


1174.
En plaçant devant moi cette douleur ininterrompue, qui causera ma mort, mes yeux peints sont taris de larmes, de manière à ne pouvoir pleurer.


1175.
Mes yeux, qui m'ont causé ce mal d'amour dont l'intensité rend (proportionnellement) plus petite l'étendue de l'océan, sont atteints. grâce à ce mal, de l'insomnie et souffrent eux-mêmes.


1176.
Oh ! u'il m'est doux de constater, que mes yeux, qui m'ont causé ce mal d'amour, souffrent eux-mêmes de l'insomnie et pleurent !


1177.
Que mes yeux qui ont désiré ardemment, qui se sont empressés de voir et qui ont vu sans cesse (mon mari) souffrent, souffrent aujourd'hui, du mal de l'insomnie et tarissent de larmes.


1178.
Il y a ici des femmes qui n'aiment pas avec le cœur mais seulement par paroles. A quoi est bonne leur existence du moment que leurs yeux qui ne voient pas le mari. ne connaissent pas le repos.


1179.
Mes yeux ne dorment pas, lorsque mon amant ne vient pas. Ils ne dorment pas non plus lorsqu'il vient, par crainte de la séparation.
Dans les deux cas, ils souffrent d'une douleur insupportable.


1180.
Il n'est pas difficile aux gêna de cette ville, de découvrir le secret enterré dans le cœur de celles, qui comme moi. ont des yeux, qui sont un tambour qui ne résonne pas.

Chapitre 119. Lamentations sur la pâleur.


1181.
A qui me plaindre de ma pâleur (causée par la douleur de la séparation) moi, qui ai consenti à la séparation de mon amant, trompée par ses cajoleries.


ELLE  À LA COMPAGNE

1182.
(Je supporte ma douleur,) mais, par excès de la vanité qu'elle a été causée par mon amant, cette pâleur envahit tout mon corps.


1183.
Il m'a ravi ma beauté et ma pudeur, (au moment de la séparation), en me donnant en échange, cette maladie d'amour et cette pâleur.


1184.
Je me rappelle ses paroles, je célèbre par la langue ses bonnes qualités.
A ce moment même, cette pâleur m'a envahie par traîtrise.


1185.
Ce jour-là, mon amant est parti là-bas et c'est ici, que la pâleur m'a atteinte.


1186.
Telle l'obscurité qui guette la langueur de la lampe pour approcher, telle la pâleur a guetté la cessation de l'union, pour m'approcher.


1187.
Jadis, un jour j'ai embrassé mon amant: je m'en suis séparée par mégarde, un instant. La pâleur a profité de cet instant pour s'emparer de moi, comme pour me ravir.


1188.
On me blâme, en disant: "elle a pâli, ne pouvant supporter la séparation“; mais il n'y a personne, pour lui reprocher de m'avoir abandonnée.


1189.
Peu importe que mon teint pâlisse, ma chère, si tu crois que celui qui m'a fait consentir (à cette séparation) est revenu à de meilleures intentions !


1190.
Ceux qui ne blâment pas la cruauté de celui qui s'est uni à moi, avec des paroles trompeuses. me font du bien, en me reprochant ma pâleur.

Chapitre 120. Souffrance de l'amour non partagé.


ELLE  À LA COMPAGNE
 
1191.
Celles qui ont le bonheur d'être réellement aimées de leurs amants,
obtiennent le fruit, sans noyau, de l'amour.


1192.
La tendresse que témoignent sincèrement les amants qui ne souffrent pas la séparation, à celles qui ne peuvent  pas vivre séparées d'eux, est la même que celle que la pluie témoigne aux êtres qui vivent, en mettant tout leur espoir en elle.


1193.
La vanité de vivre heureuses convient à celles-là seules, qui sont aimées réellement par leurs amants.


1194.
Elles ont le mauvais destin en partage, celles qui, même jouissant de l'estime des femmes chastes, ne sont pas aimées des amants qu'elles chérissent.


1195.
Quelles délices me procurera mon amant, s'il ne me rend pas l'amour que j'ai pour lui !


1196.
Si l'amour n'est pas partagé, il fait souffrir: au contraire, si comme les poids attachée aux extrémités d'une perche qui se font équilibre, il est partagé, il donne la félicité.


1197.
Le dieu do l'amour qui n'assaillit qu'un des deux (homme ou femme) ne connaît donc pas la maladie et l'excès de souffrance de celui qu'il assaillit?


1198.
Personne n'est aussi courageux que la femme qui supporte la séparation,
sans même avoir un mot aimable de son amant.


1199.
Mon amant ne m'aime pas? Soit, mais n'importe la quelle de ses paroles est délicieuse à mon oreille !


1200.
Vive mon cœur qui raconte tes misères à celui qui ne t'aime pas ! II t'est difficile de supporter la douleur? Efforce-toi de combler la mer de tes souffrances: (cela te sera plus facile).

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